18 janvier 2008
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17:55
Aujourd'hui j'ai du m'expatrier à Paris pour voir "Chambre 1408" car mon cinéma favori dit "familial" m'a encore joué des tours.
Pour commencer ma chronique je vais évacuer tout de suite le problème de la fidélité du film par rapport çà la nouvelle de Stephen King pour la bonne et simple raison que je n'ai pas lu cette dernière.
Je sais que Gally connait assez l'oeuvre du romancier américain et j'espère que, si elle a vu le film (ou le verra), elle pourra me renseigner sur ce sujet.
Mon impression d'ensemble est assez bonne même si je dois nuancer mon propos.
Les histoires de Stephen King portées à l'écran m'attirent de manière inexorable. Le mystère, l'angoisse, la peur ou la terreur sont des éléments qui me fascinent. Les cinéastes sont en général très respectueux de ces paramètres. Ils créent une ambiance où le spectateur s'immerge avec bonheur. En général je suis bon public pour ce genre de films.
Dans cette veine "Chambre 1408" réussit sa mission. Le spectateur est plongé dans un univers qui dans un premier temps est familier (quelques morceaux de vie du héros) puis qui s'altère considérablement. La frontière entre réalité et fiction, le thème central du film, s'atténue et disparait même dans le dernier tiers du film. Le personnage de cet écrivain auteur de livres sur les maisons hantées (John Cusack) plein de certitudes, perd pied progressivement dans le cadre exigu d'un lieu clos et navigue dès lors entre deux eaux.
Schématiquement le film comporte deux parties de taille inégale. Pendant la première heure on assiste à la (trop) lente mise en place de l'ambiance. Le climat de doute s'installe progressivement. Car notre héros, marqué par un drame personnel (la mort de sa petite fille présentée sous forme de flash back), lutte contre ses propres démons malgré une certaine assurance de façade.
Son arrivée dans la chambre n°1408 de l'hôtel Dolphin, marque la première rupture dans le film. Au diable la réalité, bienvenu dans l'étrange.
La chambre n°1408 est un lieu maudit. Bon nombre de personnes y sont mortes de manière plutôt violente. La direction de l'établissement, représentée par un directeur à l'allure méphistophélique (Samuel L. Jackson) répugne à louer cette chambre. Mais l'écrivain insiste. Le sort en est jeté.
L'évolution de notre héros dans la chambre maudite est bien mise en scène. Les petites touches d'étrange sont placées de manière assez habile. La plongée dans un univers flou est filmée avec efficacité par le réalisateur Mikaël Hafstrom. Des plans de caméra bien imaginés rendent le malaise palpable. Une scène est proprement terrifiante quand ce dernier essaye de se faire entendre par une personne qui "habite" dans l'immeuble d'en face.
Ces éléments indiqueraient que le film est plutôt réussi mais la dernière demie-heure atténue sensiblement le concept de "réussite".
Dans un second temps, les faits et gestes du héros dans un univers où onirisme et réalité sont mélangés se traduisent par un déchainement d'effets spéciaux qui n'apporte pas grand chose au film. La suggestion était parfaite, la démonstration par le spectaculaire affaiblit considérablement l'ensemble. Mon impression première sur ce second segment de film est qu'il ne s'y passe pas grand chose. Je me suis dit "tout ça pour ça"
La fin du film, genre "toutes les hypothèses sont valables, à vous de forger votre propre impression" n'est pas satisfaisante à mon gout, même si je conçois qu'avec l'univers de Stephen King tout ne peut être tranché de manière radicale.
Fort heureusement "Chambre 1408" bénéficie de la prestation plus l'honnête de John Cusack. Son jeu évolue avec le film : d'abord mesuré, il explose quand la tension monte à son firmament. La folie permanente qui guète l'écrivain au seuil de l'indécision est l'un des très bon côtés du long métrage.
Le thème du film, le cadre et cette plongée au coeur de la vie d'un homme qui tente d'échapper à ses propres démons rappellent bien évidemment le "Shining" de Stanley Kubrick.
A se demander si les interférences entre les lieux et les hommes n'est pas un des axes majeurs de l'oeuvre de Stephen King.
Enfin j'ai un regret. J'aurai aimé que le rôle de Samuel L. Jackson soit plus étoffé. L'aspect inquiétant de son personnage, enfin selon moi, n'est qu'effleuré.
Dommage.
"Chambre 1408" est à voir même si je pense que le film aurait mérité de se cantonner à une approche strictement psychologique de la chose. L'intrusion du sensationnalisme et d'effets spéciaux redondants réduisent la portée du film.