13 octobre 2008
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Ma journée cinéma a commencé avec l'excellent "Harcelés" de Neil LaBute.
Chris (Patrick Wilson) et Lisa (Kerry Washington) est un couple mixte (il est blanc, elle est noire) qui emménage dans un quartier huppé de Los Angeles, Lakeview Terrace. Très rapidement ils font la connaissance d'Abel Turner (Samuel L.Jackson) leur plus proche voisin. Ce dernier est un officier de Police qui élève seul son fils et sa fille depuis le décès de leur mère.
Le policier est très strict en matière d'éducation. Et il semble désapprouver la mixité ethnique du coupe Chris/Lisa. Il ne tarde pas à s'immiscer dans leur vie. Dans le même temps un immense incendie menace les collines avoisinantes.
Très bonne surprise que ce long métrage. L'entrée en matière est très habile. Le jeune couple s'installe dans une maison de rêve, dans un quartier chic et l'harmonie conjugale règne au sein du ménage. Mais le grain de sable, en la personne d'un flic tatillon, obsédé par la sécurité des siens et de son voisinage, enraye rapidement cet état de fait idyllique.
Les scénaristes et le metteur en scène ont eu la bonne idée que le glissement vers une situation cauchemardesque se fasse progressivement par petites touches. La rupture n'est pas brutale, bien au contraire.
Le spectateur est d'abord conquis par la nature bonhomme de ce policier. Son zèle énerve certes mais il veille sur son quartier et les habitants peuvent dormir en paix. Au travail le policier est un professionnel accompli. Mais l'homme a une fêlure en lui. L'accident automobile qui a coûté la vie à sa femme trois ans auparavant a laissé un vide profond s'installer.
Cependant Abel Turner est aussi un père de famille qui élève seul ces deux enfants dont une fille de 15 ans en mal d'indépendance. Ce qui le rend très humain. L'une des qualités du long métrage dans un premier est de mettre en lumière un personnage à la psychologie complexe et pétri de contradictions.
Rapidement les masques tombent. La mixité ethnique l'insupporte. Ce racisme anti-blancs est traité de manière assez subtile et traverse le film de part en part sans être jamais au premier plan. Le long métrage aborde subtilement le thème du voyeurisme. Le couple Chris/Lisa devient un objet de fascination et un sujet d'observation privilégié.
Le voyeurisme devient vite du harcèlement. Tous les coups sont permis pour leur faire quitter l'endroit. L'homme épie, l'homme scrute des moments d'intimité. Le policier viole l'existence de nos tourtereaux et ses manoeuvres sournoises arrivent à briser l'union sacrée entre Lisa et Chris.
Le travail du metteur en scène est d'une finesse remarquable. Dans la dernière partie du film, quand l'incendie se fait plus pressent, les crises sont de plus en plus fréquentes et aiguës. La tension est palpable. Le spectateur retient son souffle.
"Harcelés" déborde de messages. Outre la crainte de la mixité ethnique et sociale, le repli sur soi est clairement dénoncé. Ces gens là vivent entre eux au sein de leur communauté, au bout de leur route et tout ce qui existe au-delà (les "gens" des Barrios hispaniques) sont potentiellement dangereux. Ils sont rassurés par les rondes d'un flic paranoïaque et tatillon.
Dans "Harcelés" le duo formé par les comédiens Patrick Wilson et Kerry Washington fonctionne très bien à l'écran. Loin de s'en laisser compter, leurs deux personnages ont du corps et de la moelle.
Mais encore une fois la palme revient à Samuel L. Jackson qui joue une nouvelle fois dans la cour des grands. Son flic tatillon, en proie à ses propres démons intérieurs fait sensation. La stature immense du comédien et son sourire carnassier font le reste. La plus grande réussite de "Harcelés" est de nous proposer un personnage de méchant de cinéma qu'on aurait presque envie de plaindre. Un vrai tour de force.
"Harcelés" est un excellent thriller en cette rentrée 2008. Un long métrage qui introduit plusieurs thématiques de manière subtile et qui nous pose certaines questions. Un film original porté par un immense comédien.
A voir absolument.