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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 13:15



Richard Kelly est un jeune cinéaste qui n’en finit plus d’étonner son monde. Après avoir subjugué la critique et le public il y a huit ans avec "Donnie Darko", long métrage magique, iconoclaste mais surtout inclassable au possible, le bonhomme a presque faillit retomber dans un oubli, tout hexagonale il est vrai, avec son "Southand Tales" qui n’a pas eu le privilège d’être distribué en salles dans notre beau pays de cinéma !!!

Mais c’était reculer pour mieux sauter. Le cinéaste américain nous revient avec un troisième long métrage de poids (il en a mis en scène 5 en tout) intitulé "The Box". Une œuvre coup de poing qui nous glace le sang. Un véritable tour de force.

Nous sommes dans l’Amérique des années 70. Arthur Lewis (James Marsden) et son épouse Norma (Cameron Diaz) mènent une vie de citoyens on ne peut plus moyens et exemplaires. Arthur est technicien à la NASA et rêve de devenir astronaute. Norma est une épouse comblée, une mère attentionnée, qui s’épanouie dans son travail mais qui souffre d’un sérieux handicap au pied.

Un matin une mystérieuse boîte, munie d’un bouton poussoir rouge, est déposée devant chez eux. Le soir même, l’énigmatique Monsieur Arlington (Frank Langella) au faciès mutilé leur indique que si l’un des membres du couple appuie sur le bouton, deux conséquences en résulteront : une personne qu’ils ne connaissent pas trouvera une mort certaine et ils recevront un million de dollars net d’impôts.

Après avoir longuement hésité Norma enclenche un processus (fatal)…

"The Box" fait partie d’une catégorie de longs métrages bien particuliers qui nécessitent un postulat de départ assez draconien : soit on adhère pleinement sans retenue et alors le spectateur s’immerge avec bonheur dans un univers si particulier, soit on se sent réfractaire et on reste sur le bord de la route (j'aime bien cette image, je l'utilise souvent)

"The Box" est de ces œuvres qui n’acceptent pas de compromis. Je me suis jeté à corps perdu dans ce film si dérangeant.

Le film est adapté d’une nouvelle de l'écrivain Richard Matheson qui a nous régalé par le passé avec entre autres "Je suis une légende" et "L’homme qui rétrécit".

Le scénario est brillant, d’une finesse et d’une précision incroyables. L’histoire nous prend aux tripes dés les premières minutes. Cette chronique prend l’apparence du destin extraordinaire d’un couple très ordinaire.

Puis nous basculons progressivement d’une situation ultra conventionnelle à un monde où le rêve et la réalité se mélangent pour nous faire perdre nos repères et nos impressions de confort rassurant. Nous plongeons au cœur d’un récit où la science fiction n’a pas besoin de mille artifices pour se montrer convaincante.

L’éternelle avidité de l’Homme est pointée du doigt sans détour. L’argent finit par détruire un couple de la plus terrible des façons. Le gain prend le pas sur les valeurs qui cimentent ordinairement une famille. L’intérêt force à faire des choix. Aux dires de Monsieur Arlington "la plus belle victoire est de ne pas appuyer sur le bouton" (citation dans l’esprit du texte même si les mots exacts me manquent).

Ce couple d’américains est pris à son propre piège d’un jeu cruel qui le dépasse. Le spectateur est témoin d'une longue descente aux enfers vers une issue qui se révèle inéluctable tant Richard Kelly distille ici ou là des éléments qui abondent en ce sens. Comme les autres j’ai ressenti le malaise grandissent subi par cet homme et cette femme.

La tension monte crescendo. Richard Kelly prend le temps de présenter ses personnages, de mettre en place l’intrigue principale et ses ramifications. Visiblement le cinéaste a eu les coudées franches pour faire son film et pas un ersatz au rabais. Durant deux bonnes heures, qui passent très vite, trop, le réalisateur a toute latitude pour nous mettre à l'aise et à l'épreuve.

Richard Kelly ne nous donne pas d’explications didactiques sur le comportement de Monsieur Arlington et de ses "employés". Il pointe du doigt certains éléments mais nous laisse volontairement dans l’ombre pour pas mal de choses. Son jeu de pistes est subtil mais diablement énervant. Le spectateur a l’impression d’évoluer dans le néant quand il passe de moments convenus à des situations non conventionnelles.

Le film peut se targuer d'être tout simplement superbe sur le plan plastique. Les images sont soignées. Les cadrages et les éclairages soulignent l’excellence de l’œuvre. Les couleurs employées sont comme des résonances de l’âme humaine tourmentée.

Les effets spéciaux sont utilisés avec une réelle mesure. Les ajouts numériques rendent service à l’œuvre sans perdre de leur force intrinsèque.

James Marsden éclate à l’écran. Son interprétation est d’une justesse inouïe. Mais la vraie révélation est Cameron Diaz. Son rôle dans "The Box" est un peu celui de la maturité d’actrice. Elle prouve ici qu’elle peut faire autre chose que des comédies basiques, que j’apprécie énormément au demeurant. Sa prestation de mère éplorée éclate dans un final aussi cruel que fort.

L’un des points forts du film réside dans le fait que la symbiose est parfaite entre les deux têtes d’affiche. L’alchimie fonctionne à merveille. L’avant dernière séquence de "The Box" utilise à fond la carte de cet amour dramatiquement conclu.

Je n’oublie pas aussi la singulière prestation d’un Frank Langella, charismatique à souhait. L’acteur impose son immense stature et donne du corps à ce personnage si mystérieux et si attirant à la fois. Pour celles et ceux qui ont la mémoire courte, je leur rappelle que l’acteur américain a incarné l’un des plus crédibles Dracula de l’histoire dans la version réalisée en 1979 par John Badham.

Richard Kelly peut légitimement prétendre au titre de "Roi de la science fiction" avec son film "The Box" tant son œuvre surprend les cinéphiles. Le spectateur a l’impression de se trouver face à un long métrage qu’il ne reverra pas de sitôt tant la science fiction semble aseptisée. L’un des tours de force de Richard Kelly est de nous entraîner dans son sillage avec un film original, débarrassé de contraintes pesantes et qui surtout se conclut avec une véritable fin.

C’est si rare.
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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 12:33



A chaque fois que j’écris un article sur la saga horrifique "Saw" je me sens un peu seul dans l’histoire.

Certes c’est une série qui fait débat et qui divise mais ces films me plaisent. Ce n’est pas votre humble chroniqueur qui vous "parle" ici mais le spectateur anonyme au fond de son siège qui prend en pleine poire des morceaux de barbaque depuis bientôt 5 ans. Les pièges de Jigsaw et de ses successeurs continuent de me surprendre au fil du temps.

Je passe rapidement sur le titre de ce 6ème opus, mis en scène pat Kevin Greutert, qui nous fait sourire depuis des mois et j’en arrive à l’essentiel : le 6ème épisode des aventures du tueur au puzzle est une excellente et très bonne surprise, un retour aux sources de l’horreur.

Le long métrage est parfaitement maîtrisé par le réalisateur qui a compris que la réussite d’un film passait par un savant mélange entre horreur pure, suspense et action.

L’intérêt de cette énième suite est de raccrocher en quelque sorte les wagons au train en marche. Alors les deux longs métrages précédents étaient vraiment destinés aux fans, et opaques dans l’absolu pour d’éventuels nouveaux spectateurs.

Le metteur en scène use sans abuser de retours en arrière efficaces et placés au bon moment. Comme une chanson, il y a une certaine musicalité dans ces allers-retours hier/aujourd’hui. L’œuvre garde son rythme pendant 90 minutes. Le spectateur peut cette fois ci s’y retrouver pleinement tant les passerelles avec les autres volets sont établies avec pertinence.

Pradoxallement Jigsaw (Tobin Bell) mort depuis deux longs métrages, n' a jamais été aussi présent que dans ce 6ème chapitre.

Sur le fond le film surfe sur la vague de la condamnation du capitalisme le plus vil. Les méchants sont d’infâmes profiteurs qui se nourrissent du malheur des autres.

Comme les autres volets, ce long métrage n’échappe pas à la règle : la charge est sévère contre le spectateur voyeur avide de jeux macabres et cruels. Mais ce n‘est qu’un jeu de dupes car nous sommes placés volontairement au centre de la toile d’araignée et prêts à surveiller les (nos) proies.

Le 6ème "Saw" (je vais arriver à tenir jusqu’à la fin sans prononcer la fatale expression) est un long métrage qui a du suspense à revendre. Les pièges tendus par Jigsaw et ses héritiers sont toujours aussi tordus. La mécanique est très bien huilée et fonctionne à merveille. Certains passages sont vraiment très bien mis en scène tant la tension est omniprésente.

Mais "Saw" ne serait pas un opus satisfaisant s’il n’y avait pas des passages vraiment très gore. Les pièges sont redoutables et les victimes expient dans une débauche, mesurée certes, de sang. Les maquillages sont du plus bel effet et il n’y a rien de gratuit. Dans ce long métrage ci l’accent a été mis aussi sur l’impact psychologique.

Un film qui va peut être vous faire revenir dans le giron de la saga "Saw". une oeuvre qui a le mérite de tenter de nouvelles choses.

En attendant un plus que probable 7ème film.
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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 13:30




Le cinéma de notre temps permet tout et n’importe quoi. La marge de manoeuvre des producteurs (les seuls décideurs en fait devant l’éternel) est immense. Faire revenir un personnage d’outre tombe et gratifier le public d’un nouvel opus d’une saga ne pose pas de problèmes métaphysiques à cette famille du 7ème art.

 

Que vous habitiez ici ou là de part le monde n’est plus si innocent que cela. Le "cut" d’un long métrage peut varier d’un continent à l’autre.

 

En 2005 "The Descent" mis en scène par le brillant Neil Marshall a glacé les spectateurs d’effroi. Je ne suis pas facilement impressionnable mais en regardant le long métrage j’ai eu le trouillomètre à zéro. C’est l’une des dernières œuvres qui m’a vraiment foutu la pétoche.

 

A la fin la version européenne le personnage de Sarah (Shauna Macdonald) reste coincé dans les profondeurs de la terre avec les monstrueux crawlers après avoir rêvé à sa délivrance.

 

Les américains ont eu le droit à un final nettement différent. La sortie de Sarah n’étant plus un rêve mais bien réelle.

 

"The Descent" a glané de nombreux prix et s’est surtout révélé très lucratif en termes d’exploitation. La question d’une suite cinématographique est revenue sur le tapis dès 2007.

 

Mais quid du final européen ?

 

La solution la plus a été tout simplement de le gommer et d’imaginer un second chapitre en redémarrant l’histoire à la sortie de Sarah des enfers.

 

Sarah émerge seule des grottes des Appalaches. Une expédition de secours est montée à la hâte car les autorités pensent que les cinq autres jeunes femmes spéléologues sont encore en vie. Sarah, traumatisée et meurtrie, doit à nouveau prendre le chemin du gouffre pour servir de guide.

 

L’horreur peut à nouveau commencer.

 

Le long métrage s’inscrit à la fois dans la continuité du premier opus et dans la rupture. Jon Arris, promu metteur en scène de ce  "The Descent : Part 2" avait déjà officié comme monteur sur le premier (mais également sur les excellents "Eden Lake" et "Layer Cake") et Neil Marshall garde la main en tant que producteur exécutif.

 

Cependant "The Descent : Part 2" est loin d’être une copie, une pâle imitation. Le long métrage a sa propre originalité, un dynamisme que Jon Arris arrive à mettre en place avec beaucoup de savoir faire.

 

Ce second film a un handicap de poids dans l’absolu. L’effet de surprise ne joue plus. Nous savons que les crawlers existent. L’art du metteur en scène est d’intégrer ce postulat de départ et de nous gratifier de nouvelles péripéties. C’est en cela que ce long métrage est très réussi et qu’il est exact au rendez vous. Il trace son propre sillon et se révèle bien flippant à de nombreuses reprises.

 

L’histoire prend vraiment aux tripes pendant 1h40. Le déroulement va à l’essentiel. Le scénario ne se tortille pas dans tous les sens avec des développements inintéressants : en moins de 24 heures Sarah replonge dans un cauchemar absolument effrayant.

 

Comme à chaque fois avec ce genre de films, Jon Harris arrive à jouer avec notre peur millénaire des espaces exigus voire carrément fermés, de l’angoissante obscurité. Les jeux d’ombre et de lumière sont au cœur du long métrage. Dans le film chaque interstice dans la pénombre peut voir surgir des êtres ignobles à la recherche de chair fraîche, chaque espace entre deux roches est un piège potentiel.

 

Le spectateur est témoin de la lente et besogneuse descente des personnages dans cet enfer de noirceur et de silence. La pression est réellement palpable et l’angoisse se fait jour au fil des minutes. L’attaque des crawlers est inéluctable. Seule la question du moment de cette agression nous prend aux tripes.

 

La première partie du long métrage fait monter la tension de manière progressive alors que dans un second temps nous avons le droit à un déchaînement de violence et de sang.

 

Jon Harris utilise une technique aussi vieille que le cinéma mais qui fonctionne avec toujours autant d’efficacité : il nous donne de l’espoir. Quand nous pensons qu’un personnage semble être sauvé, l’herbe nous est coupée sous le pied dans la seconde qui suit.


Cruel metteur en scène !!! L’effet est immédiat et garanti.

 

"The Descent : Part 2" est un long métrage gore qui se respecte et les effets sont plus que réussis. Les combats entre les humains et ces créatures difformes sont d’une violence incroyable. La lutte est bestiale, âpre, rude et rugueuse. Le spectateur a envie de prendre un piolet et d’éclater la tête d’un crawler.

 

Sur le plan technique l’autre indéniable réussite du long métrage, à part le film dans sa globalité, est l’apparence des créatures qui a sensiblement évolué. La morphologie a gagné en précisions (plus de cicatrices, de déformations faciales). La finesse des maquillages a pour conséquence de nous proposer des crawlers nettement plus effrayants et plus féroces aussi.

 

Côté acteur, Shauna Macdonald est toujours aussi impressionnante dans son emploi de survival woman. Je vous ferai grâce de vous révéler le nom du personnage qui fait un étonnant come back ici mais sachez que ce développement scénaristique donne un élan nouveau au long métrage dans un final parfaitement maîtrisé.

 

"The Descent : Part 2" est une très bonne surprise. Un long métrage dynamique, original et angoissant. Un film où le sang coule à flots et qui réveille, comme son digne prédécesseur, des peurs profondément enfouies.

 

Je me suis vraiment régalé à me faire peur.

 

Et ces profondeurs sont loin d’avoir révélé tous leurs secrets.

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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 10:00



J’ai eu maintes fois l’occasion (1) (2) de vous dire que mon enfance a été bercée par les aventures du "Petit Nicolas" imaginées par René Goscigny et illustrées par Jean-Jacques Sempé à partir de 1959.

En 1981 j’ai découvert ce monde merveilleux et comme des millions de jeunes gens avant moi, cet univers si particulier fait d’une douce innocence et dune bienheureuse nostalgie a exercé une influence incontestable sur ma personnalité.

A intervalles réguliers j’ai eu le besoin de me replonger dans l’univers de Nicolas et de ses copains, du bouillon, de la maîtresse, de Monsieur Blédur, de Monsieur Moucheboume et consorts.

D’une certaine manière je peux dire que la joyeuse bande, au même titre que "Le club des cinq" et "Les six compagnons", n’a jamais quitté mon cœur d’enfant.

Quand j’ai appris qu’une adaptation sur grand écran était prévue pour la rentrée 2009, je me suis dit que la tâche de transposition serait gigantesque et périlleuse. J’avais plein de doutes en tête.

Je me suis rendu à la projection avec circonspection.

Aujourd’hui je peux vous affirmer que "Le petit Nicolas" de Laurent Tirard est un long métrage réussi. Avec brio il met en scène LE film que les spectateurs appelaient de leurs voeux sur un canevas brodé il y a 50 ans par un auteur de génie et brillamment illustré par un poète des images.

"Le Petit Nicolas" est avant tout un long métrage familial, rassembleur, un pur divertissement universel. Chaque spectateur y trouvera son compte.

Nicolas (Maxime Godart) vit dans sa bulle d’innocence avec son papa (Kad Merad) et sa maman (Valérie Lemercier). A l’école il a une chouette bande de copains et une institutrice (Sandrine Kiberlain) attachante.

Mais Nicolas voit son monde basculer le jour où il interprète de travers une conversation à son domicile : il pense que ses parents vont avoir un autre enfant et qu’ils vont l’abandonner en forêt comme le petit poucet. Le garçonnet réagit et met à contribution sa bande d’amis.

Dans le même temps le papa de Nicolas souhaite obtenir une augmentation à son travail. Pour se faire il décide d’inviter son patron, le sévère Monsieur Moucheboume (Daniel Prévost), à dîner. L’entreprise s’avère compliquée car la maman de Nicolas complexe sur sa situation matérielle et intellectuelle.

Le long métrage de Laurent Tirard est réussi car il nous propose une histoire passionnante qui en fait se dédouble en deux intrigues qui se mêlent avec soin. Les interrogations sur l’arrivée d’un bébé dans la famille et les aspirations professionnelles du papa de Nicolas rythment le film d’un bout à l’autre. Jamais l’action ne faiblit et mille péripéties donnent au long métrage un incroyable tonus.

L’ouverture du film est brillante. Cette façon de présenter les principaux personnages est concise et fait mouche. Les enfants et les adultes, tels des dessins, sont croqués en quelques coups de crayon. Plus besoin de revenir sur la personnalité et les aspirations des uns et des autres. Les traits essentiels sont marqués avec force et restent présents pendant l'une et demie que dure l’œuvre.

Le scénario est fin, diablement précis. Chaque scène, à un moment ou à un autre, met en valeur l’un des personnages. Enfant ou adulte, n'importe quel protagoniste a son quart d’heure de gloire.

Laurent Tirard et ses scénaristes ont su éviter avec soin deux écueils majeurs. Le film ne se contente pas de transposer mécaniquement l’univers du duo Goscigny/Sempé. Le long métrage prend de la distance avec le matériau d’origine et sait se rendre original au sens premier du terme à de nombreuses reprises.

L’autre réussite, qui découle de la première, est que le metteur en scène a su faire des choix. "Le Petit Nicolas" ne ressemble pas à une collection, à un empilement d’historiettes. Cette manière d’envisager les choses aurait été insensée et forcément destructrice.

Bien sûr les clins d’œil sont nombreux (la télévision, "ce qu’aurait fait papa s’il n’avait pas rencontré maman", les "assis/debout" de la maîtresse et du directeur, le terrain vague et le mot de passe…) mais la double intrigue sert de catalyseur et de fil conducteur.

Laurent Tirard met en scène l’esprit du monde de Nicolas, pas les centaines de récits qui jalonnent l’intégralité de l’œuvre. Et il y a certainement de la matière pour au moins un autre long métrage.

Une ligne directrice aussi claire permet à Laurent Tirard de nous régaler, de nous divertir sans excès. Les gags sont nombreux. Des moments les plus explicites aux situations les plus fines, nous rions de bon cœur. Certains passages (la poésie finlandaise) sont tout bonnement tordants. La bande d’enfants en fait voir des vertes et des pas mûres aux adultes.

Le spectateur, béat d’étonnement, trouve cette bande de gosses turbulents sacrément attachante. Des enfants unies par l’amitié mais qui se chamaillent sans cesse sous l’œil d’une institutrice que nous aurions toutes et tous rêvé de rencontrer au cours de notre parcours scolaire.

Laurent Tirard est inventif (le costume d’Agnan le cafard, le caméo de "Clément Mathieu") dans son appropriation de l’univers de Nicolas. Au final il s’avère que son travail a sa propre existence et une autonomie certaine. Le film rend hommage de façon intelligente à des créations littéraires sans en dénaturer le propos.

La douce innocence, une nostalgie bienfaitrice se retrouvent à l’écran. Le metteur en scène arrive à traduire visuellement ce genre de sentiments. C’est comme si le spectateur était plongé dans un bain de bonheur.

L’un des attraits du film réside dans la qualité de ses dialogues. Le long métrage comporte de très nombreuses répliques qui font leur effet. Les échanges sont savoureusement orchestrés (les réparties entre le père et la mère de Nicolas, qui tiennent une place prépondérante à l’écrit, trouvent une place naturelle dans le film). L’ensemble fonctionne à merveille selon un tempo bien étudié.

Mais l’essentiel du long métrage tient à justesse des personnages. Les enfants correspondent en tout point à mes souvenirs. La magie opère véritablement. Alceste, Agnan, Joachim, Eudes, Rufus, Clotaire, Maixent, Geoffroy et Nicolas ont pris vie devant mes yeux attendris, tous nimbés de leurs attributs physiques et de leurs caractères tous différents.

Je rends grâce au travail besogneux des casteurs qui ont su dénicher les perles rares.
L’osmose entre ces démons en culottes courtes est optimale.

La palme dans le domaine de la justesse du jeu d'acteur doit être décernée à Victor Carles qui interprète Clotaire le dernier de la classe. Sa composition de cancre doux rêveur fait véritablement sensation.

Du côté adulte Kad Merad est excellent et Valérie Lemercier, une fois de plus, brille par son originalité et son naturel décalé. Daniel Prévost, Michel Duchaussoy, Anémone, François Damiens, Serge Riaboukine, Eric Berger et bien d'autres apportent toutes et tous quelque chose à l’ensemble. Parfois le comique naît d’un regard, d’un geste ou d’une phrase.

Ma seule réserve, mon seul regret en fait, tient à l’apparence du "Bouillon". Je ne sais pas si François-Xavier Demaison était le candidat idéal. Pour moi la figure du surveillant général est un être à la figure plus ronde, un personnage empreint à la fois de bonhomie et de rigueur militaire.

"Le Petit Nicolas" s’impose sans peine, vu le désert dans ce domaine, comme la comédie française de cette fin d’année 2009. Laurent Tirard a su tirer la quintessence d’un texte  riche. Son film a une identité qui lui est propre.

Je ne peux que saluer l’admirable travail d’un metteur en scène qui a su comprendre l’esprit d’un univers et surtout, imposer ses choix de réalisation.


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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 18:31





Les films d’animation sont de plus en plus nombreux à arriver sur nos écrans. Et pour retenir notre attention il faut que l’œuvre soit originale à plus d’un titre. "Mary et Max" de l’australien Adam Elliot prend place au rang des très bonnes surprises de cette année 2009 déjà largement pourvue.

1976, Australie. Mary Daisy Dinkle est une petite fille introvertie qui vit dans la banlieue de Melbourne. Elle a une tâche de naissance en plein milieu du front et subit les moqueries blessantes de ses "camarades" de classe. Pour combattre cette solitude, elle pioche un nom au hasard dans l’annuaire de New York et tombe sur Max Horowitz, juif, quadragénaire, obèse, qui souffre du syndrome d’Asperger et qui n’entretient aucune relation (amicale ou amoureuse).

Mary écrit à Max une première lettre qui sera suivie de beaucoup d’autres pendant plus de vingt ans. Une amitié, entière, vraie, voit le jour entre les deux êtres que tout oppose.

Le monde de "Mary et Max" est particulier, sombre par moments, triste même, mais rempli à la fois d’une infinie douceur de vivre et d’une poésie des images qui nous ravit.

Nous sommes plongés au cœur d’une chronique ordinaire d’un réalisme hautement travaillé. Cette amitié épistolaire s’attache à mettre en relief les difficultés existentielles d’une petite fille esseulée et d’un adulte à la limite de l’impotence. Deux êtres qui souffrent physiquement et moralement dans leur chair et dans leur âme.

"Mary et Max" est un conte original, plein de finesse qui repose sur un scénario inventif, détaillé et plein de surprises. L’idée de départ est sacrément culottée. Nous suivons pendant 90 minutes les péripéties de deux personnes qui ne rencontrent pas, enfin presque pas…

Le propos aurait pu rebuter les producteurs de cette aventure peu commune mais le traitement imposé par Adam Elliot avec une mise en scène innovante, dynamique et surprenante, emportent l'adhésion de tous.

"Mary et Max" joue la carte de l’émotion avec mesure mais efficacité. Le spectateur oscille entre une certaine joie de vivre et un profond chagrin. Nous passons de la gaieté aux larmes en quelques secondes. Les personnages principaux et secondaires sont attachants, entiers, émouvants. Chaque protagoniste a un trait de caractère qui retient notre attention.
 
La naïveté de petite Mary fait littéralement fondre notre cœur. Elle représente la figure de l’innocence dans l’absolu. Son regard sur le monde nous charme à chaque séquence. Les démêlés de sa mère avec l’alcool sont extrêmement drôles et pathétiques à la fois. Quelle charge à supporter pour une gamine !!!

La vie de Max nous remplit d’une infinie grisaille. Sa consommation boulimique de hot dog au chocolat nous fait sourire dans un premier temps mais la gravité de sa pathologie nous ramène à une triste réalité.

Mais n’imaginez pas qu’il s’agit d’un long métrage d’une noirceur infinie. "Mary et Max" fait beaucoup rire. Il y a une foule de petits moments truculents qui nuancent l’impression d’ensemble (des animaux de compagnie nommés "Sonny" et "Cher", Max écrit à un maire de New York qui s’appelle "Ridiculani", des poissons rouges qui meurent à intervalles réguliers et qui portent des numéros en plus du prénom initial).

Le rire savoureux et discret, attention "Mary et Max" n’est pas une bonne grosse pochade, permet de nous mettre à une certaine distance cette sinistre société.

A chaque instant nous sentons qu’Adam Eliott a beaucoup de sympathie pour les créatures qui peuplent son long métrage. L’originalité du propos tient aussi au fait que le réalisateur a réellement correspondu avec une personne touchée par le syndrome d’Asperger. Max, personnage imaginaire, n’est que le reflet d’une individualité bien vivante et le metteur en scène traite la maladie, le handicap avec beaucoup de pudeur et de tact. Le comportement de Max nous fait sourire mais à aucun moment il ne s’agit de moquerie.

Sur le fond le film ressemble à une leçon de tolérance. Adam Eliott n’est absolument pas moralisateur dans son propos. Ses créatures sont juste là pour nous rappeler quelques évidences bien senties.

Visuellement nous constatons également que deux univers se confrontent en permanence. Max vit dans la grisaille de New York avec la saleté des rues et la fumée des usines proches alors que les couleurs chaudes de l’Australie nimbent le monde de Mary d’un écrin de sépia et de Marron.

L’ombre et la lumière jouent des rôles prépondérants dans le déroulement de "Mary et Max". Les lettres de Mary sont comme des rayons de soleil qui envahissent l’existence taciturne de Max. Ces tonalités qui se complètent et qui s’opposent sont relativement restreintes sont la concrétisation des sentiments et des émotions qui animent Mary, Max et consorts.

La couleur rouge est employée pour souligner l’importance particulière de certains objets à des moments charnières de l’intrigue.

Le film bénéficie d’une technique hors pair. Les personnages de pâte à modeler sont animés avec une précision inouïe. Le tournage a duré 57 semaines. Il fallait une journée entière pour réaliser 4 secondes d’images avec une équipe de 6 animateurs. 133 décors ont été créés ainsi que 122 marionnettes. A cela s’ajoute des centaines d’objets qui rendent le long métrage crédible.

J’ai énormément de respect pour ce colossal ouvrage. Quand une technologie parfaitement maîtrisée, la stop motion, est au service d’un long métrage au contenu si riche, le spectateur ne peut être qu’au comble du bonheur.

"Mary et Max" est un long métrage qui a beaucoup d’âme. Le travail d’Adam Eliott et de ses équipes nous touche par la méticulosité du labeur et par l’éventail des sensations éprouvées. Au final on peut se dire que le film est bien triste et sombre.

Mais le final nous prouve que chaque situation, chaque moment de crise ou chaque événement triste comprennent en leur sein un infime espoir.
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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 10:00



Julia Child est une légende à elle toute seule. En un demi siècle de dur labeur et de vulgarisation, elle a initié le peuple américain à la gastronomie française. Elle est en grande partie responsable de l’attrait et le rayonnement qu’à notre cuisine aux Etats-Unis depuis des lustres. En 1946, grâce à son Paul en poste à Paris, Julia Child  découvrit les 1001 recettes de notre patrimoine culinaire.

Après bien des années de travail en compagnie de Simone Beck et Louisette Bertholle, le livre "Mastering the Art of French Cooking" fut publié en 1963 et devint rapidement un best seller de l’édition. L’ouvrage est à ce jour considéré comme l’une des bibles de la gastronomie de notre temps. Pendant dix ans, Julia Child prolongea l’expérience avec une émission intitulée "The French Chef" qui culmina en tête des meilleures audiences télévisées très régulièrement.

Julia Child séduisait son auditoire par son enthousiasme de tous les instants, une voix inimitable et une manière de présenter les recettes les plus difficiles de manière la plus simple possible.

En 2006 est parue "Ma vie en France", l'autobiographie posthume de Julia Child (décédée en 2004 à 91 ans) co-écrit par son petit-neveu, le journaliste américain Alex Prud'homme.

En 2002 Julie Powell était une obscure fonctionnaire gouvernementale (chargée de traiter les dossiers d'indemnisation des victimes du 9/11 WTC) qui cherchait un sens à sa vie. Se considérant comme un écrivain raté, la jeune femme se lança un incroyable défi : réaliser en 365 jours an les 524 recettes de Julia Child et en rendre compte au quotidien de cette expérience par le biais d’un blog (The Julie/Julia Project) créé pour la circonstance. Le site devint rapidement populaire. En 2005 Julie Powell a publié "Julie and Julia: 365 Days, 524 Recipes, 1 Tiny Apartment Kitchen".

Les américains ont le don de nous bassiner avec la sempiternelle expression "Inspiré de faits réels ou d’une histoire vraie". La relation entre l’histoire et le film est très souvent artificielle ou bien mince. Dans la cas de "Julie et Julia" réalisé par Nora Ephron, l’emprise du fictionnel dans le réel est patente et très bien maîtrisée. C’est une comédie familiale, équilibrée, fédératrice qui a le mérite de nous proposer deux histoires qui s’entremêlent de manière opportune.

Les deux récits (les personnages ne se rencontreront jamais, l’écueil du "cross-over happy endien" est évité avec maestria) sont passionnants car ils nous proposent chacun des événements différents, des personnages appartenant à des univers diamétralement opposés. Le sujet est original à plus d’un titre. Le propos est de nous démontrer que la cuisine a changé la vie de ces deux femmes.

Le long métrage a du rythme et ne perd jamais son tempo dynamique. L’action rebondit comme les échanges d’une partie de tennis. Nous faisons de fréquents allers-retours entre passé et présent. Ces va-et-vient ne gène en rien la dramaturgie de l’ensemble, bien au contraire. Julie et Julia connaissent toutes deux des difficultés dans leur vie de tous les jours. Une sorte de lien informel se tisse à distance. L’énergie de l’une nourrit l’existence de l’autre.

L’intérêt de "Julie et Julia" est de aussi de créer une tension née d’un incroyable pari à réaliser. Julie Powell (Amy Adams) cherche sa place dans un monde troublé par les événements du 11 septembre alors que Julia Child (Meryl Streep) est une épouse comblée qui cherche un sens à sa vie. La cuisine, milieu hostile fermé par excellence à la présence du beau sexe supposé "faible", devient sa planche de salut.

Nous avons droit à un enchaînement de séquences à la fois drôles et émouvantes. Comme tout bon long métrage américain nous avons le droit à notre lot d’émotions et de larmes. Le procédé est parfois usé jusqu’à la corde mais dans le cas de "Julie et Julia", ces instants où le trouble prend le pas sont mis en scène avec savoir faire et délicatesse.

La reconstitution des années 40 et 50 est vraiment très soignée. Même si le Paris de 1946 fait très carte postale, le spectateur est ravi d’évoluer au milieu de prestigieux restaurants, de petits bistrots typiques du 5ème et 6ème arrondissements et des plus beaux monuments de la capitale. Des images qui traduisent de façon concrète les sentiments profonds de Julia Child : un amour profond et sans retenue pour un cadre idyllique. A Paris l’américaine de souche se sent "chez elle".

Quel plaisir aussi pour le gourmet que je suis de plonger dans cet océan de mets raffinés, de produits du terroir si appétissants. Notre odorat sent les effluves délicates, nos yeux sont ébahis par un déchaînement de couleurs et de formes, notre palais salive à l'avance à la vue de plats si tentants. Le film se déguste comme la carte d'un restaurant gastronomique.

Amy Adams est en train de devenir l’une des comédiennes sur lesquelles il fait résolument compter. Dans le rôle de Julie Powell, la jeune actrice étonne par la fraîcheur et le naturel de son interprétation. Une composition qui lui va comme un gant dans laquelle elle ne donne pas l’impression de se forcer.

A personnage historique de légende, il fallait une interprète de génie. Une nouvelle fois Meryl Streep est phénoménale. Meryl Streep se lâche véritablement et donne sa pleine mesure pendant deux heures. La comédienne réussit à capter les intonations de voix si particulières, la gestuelle et les expressions de visage si caractéristiques. Au final sa Julia Child est plus vraie que son modèle.

Un conseil : le long métrage s’apprécie pleinement en version originale. Les "bon appétit" si remarquables de Julia Child, sorte de marque de fabrique, témoignent du respect et de l’amour de la citoyenne américaine pour notre patrimoine linguistique et culturel. Les initiateurs du projet "Julie et Julia" et Nora Ephron ont respecté à la lettre cet aspect des choses et le français surgit, parfois de manière impromptue, avec bonheur.

Stanley Tucci est une fois impeccable dans le rôle de Paul Child. Chris Messina et Mary Lynn Rajskub nous offrent une intéressante alternative aux éternels seconds rôles que nous nous coltinons depuis une décennie.

"Julie et Julia" est un long métrage divertissant à la tonalité légère. Le but du film n’est pas de révolutionner le 7ème art mais de nous divertir avant tout. Le sujet de base est novateur et son traitement bénéficie d’un scénario inventif et d’une mise en scène appliquée. Mais l’avantage de l’œuvre est surtout de profiter de la présence de deux actrices que tout sépare (âge, renommé, consécration, filmographie) mais qui brillent chacune de leur côté.

Même si le long métrage comporte son lot de clichés, de moments prévisibles et de bons sentiments, le travail de Nora Ephron est à voir et à consommer sans restriction.

Et puis…

..."Bon appétit".





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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 12:46


Les chansons survoltées de Joe Cocker, l’hymne américain interprété par Hendrix, une foule démesurée en liesse, les glissades dans la boue, la drogue, les hippies sont des images généralement associées au Concert de Woodstock depuis des lustres. Ces représentations d’Epinal, issues principalement du documentaire de Michael Wadleigh (assistant : Martin Scorsese), peuplent l’imaginaire collectif (et le mien) mais sont peu satisfaisantes quand on s’intéresse de près à l’événement planétaire qui a marqué l’apogée de la contre-culture américaine à la fin des sixties.

Car je me suis rendu compte que je savais très peu de choses sur ces journées d’août 1969 (15->18) du "Woodstock Music and Art Fair" qui a imprégné une génération entière de jeunes gens des Etats-Unis et du monde entier. Les initiateurs du projet, les conditions de déroulement du festival et bien d’autres questions demeuraient jusqu’il y a peu une véritable énigme.

"Hôtel Woodstock" (encore un titre VF racoleur au possible comparé à "Taking Woodstock" en VO bien plus satisfaisant), le nouveau long métrage d’Ang Lee m’a permis à la fois de répondre à la plupart de ces interrogations et surtout de me divertir. A la base le film est une œuvre humainement riche, distrayante et surtout bien foutue. Ang Lee demeure véritablement un magicien du 7ème art.

Elliot Tiber né Teichberg (Demetri Martin), jeune décorateur à Greenwich Village, retourne aider ses parents Sonia (Imelda Staunton) et Jake (Henry Goodman), tenanciers d’un modeste (pour ne pas dire minable) hôtel dans le nord de l’état de New York, pour la fin de la saison estivale.

La situation financière de ses parents étant catastrophique (l’hôtel est menacé de saisie), Elliot apprend que la bourgade voisine a annulé la tenue d’un festival de musique hippie. Il contacte les promoteurs et réussit à les convaincre que l’événement doit se tenir près de chez lui dans la ville de Woodstock.

E
lliot ne mesure pas l’ampleur que prend Le phénomène au fil des jours. La jeunesse du pays entier afflue vers une petite bourgade de quelques milliers d’âmes. Le jeune homme doit lutter contre les inimitiés locales et l’hostilité de sa mère.

L’intérêt premier du film est qu’il soit mis en scène par un cinéaste étranger. Je me suis fait la réflexion avant de rentrer dans la salle et la suite a confirmé ma première impression. Ang Lee a un regard neuf sur ce phénomène, un angle d’attaque inédit.

On se rend compte dés les premières secondes que son film ne va pas s’intéresser aux multiples concerts et prestations scéniques qui sont entrés dans la légende mais à l’ambiance et l’atmosphère qui ont régné autour. Autant vous le dire tout de suite. La musique de Woodstock reste une toile de fond pendant les deux heures que durent le film. La piste aux étoiles si j’ose dire demeure un arrière plan que l’on devine au loin, un lieu inaccessible.

Woostock, en tant que fait culturel historique, peut s’envisager d’au moins deux manières différentes. Les mélomanes ont des vidéos, des dizaines d’heures de bandes audio à leur disposition pour se replonger au cœur de l’événement musicalement parlant.

Nous sommes côté scène.

Pour les cinéphiles la démarche est tout autre. Dans "Hôtel Woodstock", le cinéaste Taiwanais a pris le parti pris de mettre en lumière une formidable galerie de personnages hauts en couleur qui ont vécu Woodstock chacun à leur manière. Nous évoluons au milieu d’hommes et de femmes dont la vie a radicalement changé en quelques semaines.

Nous sommes dans la coulisse.

L’histoire passionne car elle propose enfin (en ces mois, années ? où l’originalité a définitivement fui Hollywood) un sujet novateur, frais, débarrassé de nombreuses inhibitions. Ang Lee n’hésite pas à trancher dans le vif et aborde toute les questions. Le cinéaste, déjà coutumier du fait par le passé, installe la thématique de la liberté au centre de son film. Le jeune Elliot va au bout d’un projet insensé pour sauver ses parents de la ruine. Il se découvre aussi lui-même (sexuellement parlant).

Le long métrage aborde l’homosexualité et la transsexualité de front sans charger la note outre mesure. Ang Lee donne de l’humanité à ces personnages qui se révèlent. Il n’y pas de défi et de manifestations ostentatoires. Woodstock nous est montré comme un catalyseur de libération sexuelle pas comme un défi stérile aux bonnes mœurs et à la morale.

Pendant deux heures le spectateur oscille d’une émotion à l’autre. L’histoire, étayé par un scénario brillant et fouillé, nous fascine, nous émeut. Le rire et les larmes jaillissent de concert. La plus grande réussite de l’œuvre est d’avant tout de nous toucher profondément. Il n’y a rien de pire qu’un long métrage parfaitement lisse et déshumanisé.

"Hôtel Woodstock" est un film qui donne du bonheur pendant deux heures. Le film cultive une bienheureuse nostalgie. Cette apologie de la liberté et de l'amitié où tous les excès sont permis (alcool, drogue et sexe) résonne comme une leçon de vie, un Eden perdu pour toute une génération d’hommes et de femmes. Il y a eu un avant et un après Woodstock.

Dans la démarche du réalisateur il y a pas la volonté de justifier quoi que se soit. L’intention parfaitement claire au fil des minutes est de mettre en relief le plus fidèlement possible, même si le film reste dans l’absolu une création de fiction, la "réalité" de ces journées qui ont changé le monde.

La construction du long métrage peut faire penser à une pièce de théâtre en deux actes. La première partie s’attache à nous présenter les conditions d’organisation du festival alors que dans un second temps nous évoluons dans les environs immédiats de Woodstock.

Pendant la première heure du film l’événement demeure un vague projet qui se construit peu à peu, Ang Lee a le temps de poser ses caméras, de nous présenter les personnages emblématiques puis de dérouler bien tranquillement son intrigue.

Puis la tempête succède au calme

Dans la seconde moitié de l’œuvre nous sommes happés par le tourbillon de l’Histoire. Woodstock devient un fait concret, gigantesque, démesuré, excessif. Les personnages sont aspirés par un tourbillon d’individus qui renverse des montagnes. Les êtres changent à jamais, les consciences aussi.

Woodstock devient un fait avéré, l’Histoire est en marche.

Ce second moment se caractérise par certaines séquences inoubliables. Le cinéaste utilise l’écran partagé sur le plan formel par moments, il filme les glissades dans la boue comme en son temps Michael Wadleigh dans son documentaire. La mise en scène relève de l’hommage appuyé, du clin d’œil cinématographique d’un professionnel à son aîné. L’une des scènes les plus étonnantes est le trip hallucinatoire du héros en compagnie de deux hippies (Paul Dano et Kelli Garner) dans une camionnette VW.

Ang Lee n’éprouve pas le besoin de s’appesantir sur la consommation excessive de drogue. Le spectateur sait très bien à quoi s’en tenir à ce niveau là et l’astuce de la mise en scène est de se focaliser sur deux ou trois moments bien précis et de ne plus y revenir. On ne peut absolument pas taxer le metteur en scène de faire l’apologie de la toxicomanie. Nous sommes aux antipodes de toute idée dénonciation ou de justification.

Woodstock fut ainsi. Point.

Dans la dernière demi-heure heure de "Hôtel Woodstock" les personnages nagent en pleine liesse collective, les chevaux sont lâchés et nous en prenons plein les yeux et les oreilles.

La musique de Danny Elfman a aussi ses effets euphorisants.

L’intérêt du long métrage est de mettre l’accent, comme je l’ai dit plus haut, sur les personnages décalés, entiers et humainement riches. Nous croisons sur notre chemin la mère d’Eliott qui est une véritable pingre et méchante bonne femme, un ancien combattant du Vietnam à la masse mais au combien attachant (Emile Hirsch) et un ex-marine transsexuel (Liev Schreiber) et nous faisons la connaissance d’une troupe de théâtre expérimental sympathique. Plus généralement ces êtres sont drôles, émouvants, captivants. Ils ne nous laissent pas indifférent.

Dans son propos Ang Lee insiste beaucoup sur ces rencontres d’un jour, sur ces morceaux d’(H)histoire(s) qui ont fait Woodstock.

Souvent je me répète et c’est en quelque sorte devenu mon credo mais point de grand film sans grands interprètes. Demetri Martin, quasi inconnu grand public français, est étonnant. A lui tout seul il porte une grande partie du film sur ses épaules. Imelda Staunton est LA révélation du film. Sa composition de mère acariâtre fait mouche et on a par moments envie de l’étrangler. Henry Goodman est le contrepoids idéal. Sa composition de père plein de tolérance, d’amour et d’humanité captive le spectateur.

Emile Hirsch est brillant une nouvelle fois. En quelques séquences l’image typique du vétéran US vietnamien surgit devant nous de manière éclatante. La prestation de Liev Schreiber est superbe. "Son" transsexuel est crédible sans être risible.

Et je ne vous parle pas de tous ces seconds rôles qui accrochent l’image par un regard, un sourire, une réplique ou un geste.

"Hôtel Woodstock" est un long métrage réussi à plus d’un titre. Ang Lee nous ravit par la qualité de sa mise en scène et son soin du détail. La reconstitution historique est brillante. Le spectateur est émerveillé par la douce nostalgie qui s’installe tout au long du film et le cinéaste arrive à nous faire regretter de ne pas avoir participé à l’événement.

Chapeau bas Monsieur Ang Lee.

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 10:00



A la fin des années 80 le système politique de gouvernance mis en place par l’ex-URSS a volé en éclats. Les pays qu’on appelait autrefois "satellites" ont basculé tour à tour dans la démocratie au prix de révoltes sanglantes ou de révolutions de palais ou plus exactement de "salon" selon l’expression consacrée.

A partir de faits avérés, Christian Carion revient dans son long métrage "L'Affaire Farewell" sur l’un des plus mystérieux épisodes de la fin de la guerre froide quand un militaire de haut rang appartenant au KGB choisit de trahir la mère patrie et livra de manière méthodique de précieuses informations sur le système mis en place par les espions russes à l’étranger pour tout connaître des recherches scientifiques, industrielles et militaires occidentales.

Sergueï Grigoriev (Emir Kusturica), Colonel au KGB, est déçu par la situation politique de son pays et souhaite qu’un vent nouveau souffle. Il contacte Pierre Froment (Guillaume Canet), jeune ingénieur chez Thompson pour lui donner des informations sur l’espionnage pratiqué par les agents russes en poste dans les pays d’Europe de l’ouest et d’Amérique du Nord.

Les services français et américains de contre-espionnage sont informés sans délais et l’affaire remonte jusqu’à l’Élysée et à la Maison Blanche. La source russe, baptisée  "Farewell" devient une mine d’or d’informations en tout point décisives.

Pierre Froment se retrouve placé au centre d’une affaire d’espionnage. L’apprenti espion doit mentir en permanence à sa femme Jessica (Alexandra Maria Lara). Grigoriev quand à lui rencontre des problèmes de couple avec son épouse Natasha (Ingeborga Dapkunaite) et entame une liaison extra conjugale.

J’ai toujours apprécié les films d’espionnage. La culture du secret, les univers parallèles ont le don de me séduire. C’est le mystère qui fascine. La vérité révélée est souvent plus fade et plate que la zone d’ombre qui entourait une affaire.

Dans
"L'Affaire Farewell" nous nous retrouvons de l’autre côté du rideau de fer à une époque où le géant communiste commençait à vaciller sur son piédestal. Le spectateur voit évoluer des femmes et des hommes de l’ombre qui oeuvrent en silence pour mettre à mal les démocraties d’occident.

La première réussite du film de Christian Carion est de gagner la bataille de la simplicité et de l’efficacité. Le film est dépoussiéré de toutes les idées reçues et lieux communs propres aux films d’espionnage. 

Le thriller politique se double également d’une chronique domestique on ne peut plus banale. Le Colonel russe et l’ingénieur français connaissent les affres de la vie de couple. Le metteur en scène français mélange et confronte ces deux univers bien distincts avec un juste équilibre. L’ordinaire et l’extraordinaire coexistent harmonieusement et se nourrissent l’un l’autre.

Sans effet de mise en scène gratuite, le réalisateur met en place, à partir de faits réels véridiques, un univers de fiction parfaitement crédible. Son monde de l’espionnage tient la route. Nous assistons aux rencontres discrètes entre les grands de ce monde (F. Mitterrand et R. Reagan), à l’échange d’informations entre services occidentaux coopérants. Christian Carion prend le temps de nous divertir et de nous informer en même temps.

L’histoire fascine car elle obéit à une mécanique parfaitement bien huilée. D’emblée nous savons que le moment choisi (le début des années 80) apparaît à posteriori comme évidemment charnière pour le monde dit libre. Le climat si particulier du film doit beaucoup, comme je l’ai dit précédemment, à la superposition et à la juxtaposition d’événements publics et de faits privés.

Sans fard le réalisateur dépeint un monde où capitalistes et communistes se rendent coup pour coup. Comme le dit l’adage populaire "L'important est d'aboutir et les moyens n'importent guère". Au final la CIA abandonne ce Colonel Russe à sa triste destinée pour sauver un réseau tout entier. La demie mesure et le juste milieu n’existent pas dans l’espionnage. Les décisions prises sont irrévocables et irréversibles.

"L'Affaire Farewell" est bâtie sur une relation technique, mécanique entre une source et son contact qui se transforme en une véritable amitié. La thématique de l'estime mutuelle traverse le film de part en part et transcende les différences de milieu, de vie et de mode de pensée.

Christian Carion attache beaucoup d’importance au matériau humain. Ses personnages, relativement peu nombreux, sont entiers, vrais mais surtout authentiques. Les femmes ne sont pas reléguées au second rang comme de vulgaires potiches décoratives. Les liens de couple, les disputes, l’amour qui perdure entre les êtres sont exposés avec beaucoup de respect et de pudeur. Même s’il s’agit d’un film d’espionnage, le réalisateur n’oublie pas que les sentiments, les émotions, les peurs guident les protagonistes.

Les années 80 bénéficient d’une fidèle reconstitution historique. Le contexte politique français (l’arrivée de Ministres communistes dans le premier gouvernement socialiste de mai 1981), les relations difficiles entre la France et les Etats-Unis (malgré de nombreux conciliabules officieux), le Moscou des années 80 (reconstitué en grande partie en Ukraine et en Finlande) sont autant de petites touches appliquées ici ou là qui donnent son cachet de véracité à l’œuvre.

Philippe Magnan joue un François Mitterrand impressionnant au détour de quelques scènes et le très grand Fred Ward campe un Ronald Reagan plus vrai que nature. La ressemblance est criante de vérité.

Tout cela pour dire que le spectateur croit vraiment à ce qui se déroule sous ses yeux.

"L'Affaire Farewell" n’est pas un film d’action aux péripéties diverses et variées, aux incessants rebondissements même si une certain tension latente s’insinue au fur et à mesure.

Le film de Christian Carion accorde une place importante aux confrontations directes entre les personnages et par voie de conséquence aux échanges verbaux qui en découlent. Les dialogues sont fins. Paradoxalement dans un univers où le silence est important, la parole compte beaucoup ici.

Les situations (la torture mentale et physique par exemple) sont envisagées sous un angle d’attaque ultra réaliste. Christian Carion va droit au but dans sa démarche et certaines des séquences du film sont plus évocatrices que des dizaines de pages extraites des manuels d’histoire.

Guillaume Canet est impeccable dans le rôle de cet ingénieur français embrigadé malgré lui dans une situation qui le dépasse. Les doutes, les hésitations et les peurs de son personnage sont rendus avec beaucoup de justesse.

Alexandra Maria Lara et Ingeborga Dapkunaite apportent une touche de grâce dans cet univers masculin si intransigeant. Elles campent des épouses si différentes et si semblables à la fois. Les relations de deux couples obéissent à des lois immuables. Le mensonge divise, la vérité réunit.

Willem Dafoe interprète un directeur de la CIA intransigeant, décidé et cynique à la fois. Niels Arestrup joue un directeur de la DST avec la classe qui lui sied habituellement.

Mais la véritable révélation du film est l’extraordinaire prestation d’Emir Kusturica en tant qu’acteur. Le réalisateur serbe a de la prestance, de la fougue dans son jeu. Son impressionnant physique, son visage buriné servent admirablement bien un personnage, héros pour les uns, traître pour les autres, désenchanté par un système politique, qui éprouve les pires difficultés dans sa vie de mari et de père. Son amour de la culture française lui donne une sorte de touchante sensibilité et un capital sympathie incroyable.

"L'Affaire Farewell" est un long métrage abouti, très bien construit, mis en scène de manière remarquable sans jamais se permettre de facilité ni de raccourci simpliste. Christian Carion soigne ses personnages et la dynamique de son film. Le metteur en scène trouve un juste milieu entre le propos et l’image.

Son travail est applaudir des deux mains avec chaleur.
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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 12:45


Pour une fois je me permet d’emprunter une entame de chronique à l’un de mes camarades du net, j’ai nommé l’ami Triox. "District 9" de Neill Blomkamp est vraiment un "putain de film". Je trouve l’expression suffisamment évocatrice et frappée du bon sens du cinéphile pour arrêter ma chronique ici.

Nan je plaisante bien sûr…

J’attendais ce long métrage avec ferveur. La campagne de publicité a été d’une rare efficacité bien en amont. L’intérêt des fans français a été aiguisé pendant des mois entiers. Et le résultat dépasse mes espérances les plus folles.

Le bébé du réalisateur sud africain, soutenu financièrement et moralement par Peter Jackson, est une œuvre de science fiction originale, divertissante et une sorte de pamphlet humaniste qui nous pose bien des questions sur l’Afrique de notre temps.

Il y a quelque temps déjà j’ai découvert comme pas mal de monde que "District 9 "était le prolongement de "Alive in Joburg" un court métrage, très remarqué de part le monde, déjà mis en scène par Neill Blomkamp.

"District 9" est une perle du 7ème art pour la raison évidente est que le long métrage trace sa voie originale sans chercher à emprunter des éléments ici ou là, à copier ou à refaire avec du matériau usité.

Johannesburg, un immense vaisseau extra-terrestre est stationné depuis deux décennies au dessus de la grande métropole sud-africaine. Les aliens, baptisés dédaigneusement du sobriquet de "crevettes" sont parqués dans une immense zone, le District 9, sorte de bidonville insalubre démesuré.

La situation devient problématique. Plus d’un million d’êtres non humains vivent entassés. Les pouvoirs publics sont amenés à prendre une décision radicale : transférer les aliens dans une autre zone bien plus éloignée des humains et de la ville.

L’Etat ne pouvant faire face à ses responsabilités, la mission est confiée à la MNU (Multi-National United), une firme privée, sorte de conglomérat industriel, qui s’intéresse secrètement au fonctionnement des armes extra-terrestres (inutilisables dans les mains d’humains, littéralement parlant).

Wikus van der Merwe (Sharlto Copley) a la lourde tâche de mener à bien le transfert vers le nouveau camp d’accueil. A l’occasion de la visite de l’une des maisons du District 9, Wikus est contaminé par un virus alien et voit son ADN humain transformé.

Wikus devient par la force des choses la clé de la compréhension de la technologie extra-terrestre et l’homme le plus recherché du pays.

A l’heure où nous parles chaque jour de préquelles, séquelles, reboot ou remake, il fait saluer l’entreprise du metteur en scène sud africain qui innove, passionne, émerveille son auditoire avec un concept rafraîchissant.

Le film impose d’emblée sa force. L’œuvre prend racine dans l’histoire récente de l’Afrique du Sud. L’angle d’attaque choisi fait écho au dernier demi-siècle écoulé et bien évidemment à l’Apartheid.

Le pays est le même mais dans "District 9" les Aliens ont remplacé les noirs. Ils vivent entassés, parqués, victimes des brimades blanches et exploités jusqu’au trognon. Les avertissements "Human only" résonnent comme des sentences d’un âge pas si éloigné que cela quand les lieux publics étaient "White only". Neill Blomkamp frappe les consciences avec une pure fiction.

L’entame est aussi très originale. La forme de pseudo documentaire sur le destin tragique de Wikus nous immerge progressivement dans un long métrage hors du commun. Nous apprenons à connaître le personnage principal au travers d’interviews de membres de sa famille et de collègues à la MNU. Le spectateur éprouve vite de la sympathie pour cet homme qui sera, nous le devinons, le pivot de l’intrigue.

Le style "caméra à l’épaule" est payant et donne un petit coup de griffe au passage à la dérive médiatique de notre époque.

Neill Blomkamp abandonne très vite cette manière subjective de filmer pour adopter un forme plus fédératrice, plus cinématographique pour nous plonger au cœur d’un drame humain et extra humain. Nous retrouvons avec bonheur les éléments types qui font la force d’un pur récit de science fiction.

La fuite effrénée de Wikus s'assimile à une course contre la montre donne au long métrage un tempo très soutenu avec de nombreuses scènes d’action parfaitement calibrées et bien mises en scène. Les moments de bravoure sont légions. Le film demeure très rythmé avec de nombreuses péripéties et le spectateur en prend plein la tête. Les séquences chocs s'enchaînent sans véritable temps mort.

Nous découvrons ce qu’il y de plus déplorable dans la nature humaine. Wikus voit son apparence physique se transformer irrémédiablement et la bêtise de ses anciens congénères le force à prendre le parti des aliens. L’ancien mari aimé, fils chéri, collègue apprécié devient la vulgaire cible d’une chasse à l’homme à grande échelle. Son avenir immédiat le destine à n'être qu'un simple cobaye.

Par la force des choses, l’homme traqué devient l’ami pourrait on dire d’êtres raillés, exploités en permanence dont le seul désir est de rentrer chez eux en paix sans faire d’histoire. Mais l’avidité de la MNU en a décidé autrement.

La relation de Wikus et de Christopher l’Alien est traitée avec beaucoup de finesse et d’humanité. Neill Blomkamp prend le temps par moment de se poser et de nous proposer des éléments amenés de manière simple et évidente.

Les effets spéciaux sont véritablement de premier ordre. Les images du vaisseau stationné au dessus de la ville sont plus que saisissantes. Les explosions d’humains touchés par les armes extra-terrestres ont juste ce qu’il faut de gore. Point d’exagération et un poil de mesure même si j’aurai préféré si Neill Blomkamp avait quelque peu lâché les chevaux de ce côté-là.

Mais ce n’est qu’un détail car la technologie mise en place dans "District 9" est en tout point admirable. Les aliens sont très bien conçus. Les effets visuels, les gadgets et les séquences d’action pure ne gênent en rien la fluidité du récit et la portée du long métrage.

Le film se veut pamphlet quand il dénonce, outre le passé honteux de l’Afrique du Sud, les tripatouillages scientifico-industriels de firmes multinationales, les trafics en tout genre, la présence de bandes armées étrangères, nigérianes ici, qui mettent certaines zones en coupe réglée.

"District 9" est billant car le réalisateur assène des messages avec des images fortes au beau milieu d’un récit qui nous passionne avant tout. Le ton n’est absolument celui de la leçon donnée de manière rhétorique mais c’est plutôt le côté ludique du 7ème art qui prime.

Le long métrage s’appuie sur l’étonnante prestation de l’acteur Sharlto Copley. L’acteur sud-africain nous étonne par la justesse de son jeu, par les nuances déployées. Il passe du statut de type vraiment ordinaire, d’employé anonyme à celui d’ennemi public n°1 et l’interprétation du comédien s’adapte admirablement bien à son arrivée sur le devant de la scène (médiatique).

Le film frappe vite, fort et prend sa place au rang de chef d’œuvre. Le final peut nous laisser penser qu’une suite est plus qu’à l’étude. Le danger qui guette Neill Blomkamp est de vendre son âme aux dollars business.

"District 9" a une tonalité originale, fraîche, une brillante mise en scène, un mélange des genres heureux. Que "District 10" conserve ses éléments.

Surtout…
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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 18:30



Il y a parfois des étiquettes qui collent durablement à des genres cinématographiques. Il y a quelques jours j’ai vu une comédie américaine. C’est fait j’ai lâché la vilaine expression.

A force de globaliser, de caricaturer je suis persuadé que nous passons toutes et tous à côté de longs métrages qui valent le coup mais la tendance a vouloir tout ranger bien sagement dans des boîtes devient vraiment gonflante.

J’ai eu dés le début un très bon pressentiment à propos de "L’abominable vérité" de Robert Luketic. Je me suis documenté, j’ai lu quelques échos même si peux me permettre d’affirmer qu’un avis autre que le mien ne me forcera jamais, dans l’absolu, à voir un film ou à passer mon chemin. Je respecte tout ce que je lis, vois ou entend mais je me forge avant tout ma propre opinion.

"L’abominable vérité" n’est pas une comédie américaine de plus. L’œuvre se révèle vite être un long métrage drôle, original, avec du sens et de la forme, qui nous propose quand même une happy end (nous sommes à Hollywood, faudrait pas pousser grand-mère dans les escaliers tout de même) mais qui brille par une fraîcheur de ton et un jeu d’acteur irréprochable.

Abby Richter (Katherine Heigl) est une productrice de télévision dont l’émission connaît une sévère chute d'audience. La direction de la chaîne qui l’emploie décide d’engager Mike Chadwick (Gerard Butler) qui se targue d’être un expert en relations humaines et qui anime sur une télévision locale une émission "The Ugly Truth" ("L’Abominable Vérité") dans laquelle l’animateur assène un certain nombre de vérités dont toutes ne sont pas bonne à dire.

Le succès est immédiat mais la situation fait enrager Abby qui connaît de plus des problèmes avec son célibat de longue durée.

Entre Mike et Abby s’engagent une lutte d’influences et un subtil jeu de séduction qui va faire éclater bien des vérités, même si ces dernières sont parfois abominables.

Au premier abord vous pourriez me dire que le schéma est éculé mais c’est très loin d’être le cas. L’histoire passionne car l’osmose entre les personnages prend dès les premières secondes. Les situations sont loin d’être conventionnelles. Le long métrage ne déborde pas de bons sentiments hollywoodiens. Les scénaristes et le réalisateur ont conçu un projet et nous ont mis en scène un produit qui évite les clichés redondants, les images rébarbatives et les lieux communs. Le scénario se révèle d’une très grande finesse.

Mais le film se distingue d’autres films par la liberté de ton employée. Les hommes et les femmes se balancent à la figure des vérités qui font sourire quand le spectateur n’est pas concerné ou qu’il ne s’y reconnaît pas !!!

Les personnages se font des vacheries mais pas en dessous de la ceinture car "L’abominable vérité" n’est pas un long métrage gras aux blagues scatologiques lourdingues pour pré adolescents en mal de sexe et de blagues éculées.

Nous avons le droit à un affrontement des sexes et tout est permis. A chacun ses armes et ses règles du jeu. L’amour et la manière de séduire sont revisités avec une certaine efficacité. Le tout est savamment orchestré.

"L’abominable vérité" est avant tout un film très drôle. Le rire est franc et absolument pas déclenché mécaniquement à l'avance. Deux ou trois moments sont carrément irrésistibles. Je suis dur en matière de comédie mais la séquence du restaurant, qui fait écho à celle de "Quand Harry rencontre Sally", est absolument irrésistible. J’avais les larmes aux yeux. Le second moment désopilant est le passage du match de Base-Ball. Vraiment énorme.

Le long métrage a du rythme et les situations sont nettes et précises comme sait le faire le cinéma américain. Point de temps mort ni d'ambiguités. Le schéma narratif est clair.

Les dialogues sont truculents, incisifs et efficaces. Nous sommes parfois au bord du précipice (pour nos chers moralistes) car certaines phrases sont clairement osées. Les échanges verbaux entre les personnages fonctionnent admirablement bien. Les réparties font mouche à tous les coups.

Katherine Heigl et Gerard Butler forment un duo étonnant et détonnant. Ils s’emploient à jouer sur plusieurs registres. Leur "couple" fonctionne avec beaucoup d’entrain. L’actrice américaine dynamise son personnage et prouve son incroyable potentiel comique. Ses regards, ses tics verbaux, sa capacité à se transcender lui confère un nouveau statut dans la hiérarchie des comédiennes d’outre atlantique.

L’acteur écossais fait à la fois étalage d’une force toute masculine et de finesse empreinte d’empathie pour mettre en valeur les caractéristiques de son personnage.

L’intérêt du scénario se retrouve aussi ici car les protagonistes évoluent au cours des 90 minutes que durent le film.

Les deux vedettes sont entourées par des seconds rôles impliqués, sérieux et absolument pas décoratifs. Le réalisateur a su trouver la parfaite alchimie dans ce domaine.

"L’abominable vérité" est un long métrage séduisant, frais qui nous marque par la totale liberté dans l’angle d’attaque choisi. Les relations hommes femmes, ou femmes hommes si vous préférez Mesdames, n’ont jamais été présentées ainsi.

Le long métrage s’apprécie aussi car il s’agit d’un véritable divertissement familial, même s’il écorne quelques certitudes.

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