Pour le réalisateur, la lutte contre le piratage passe par un raccourcissement du délai de diffusion des films sur tous les supports.
«Aujourd'hui, les jeunes ont le choix entre voir un film dans une salle de cinéma pour sept euros et rester chez eux où ils peuvent le voir gratuitement avec le téléchargement illégal. Ce n'est pas tenable.» Luc Besson n'est évidemment pas le premier professionnel du cinéma à faire ce constat. Mais le réalisateur-producteur ne se contente pas de se lamenter sur la baisse de fréquentation des salles obscures.
Dans une interview accordée au quotidien Les Echos, le réalisateur du Grand Bleu propose des solutions concrètes pour endiguer le piratage. «Cela fait des années que j'essaie de convaincre le cinéma français qu'il ne faut pas aller contre l'évolution des pratiques du consommateur : il faut proposer les films sur Internet juste après leur sortie en salle», affirme Luc Besson.
Selon lui, le délai entre la fin de diffusion d'un film au cinéma et sa sortie en DVD, soit environ cinq mois pendant lesquels le film est légalement inaccessible, ouvre «un champ d'action extraordinaire aux pirates».
C'est pourquoi il suggère une diffusion quasi-immédiate en vidéo à la demande (VOD), avec «une offre premium sur Internet de quarante-huit heures, le samedi et le dimanche qui suivent la sortie du film en salle. Cette offre pourrait être commercialisée à un prix de 25 à 35 euros.» Le réalisateur ne donne pas plus de détails sur cette offre « premium », dont le tarif a de quoi surprendre si on le compare au prix d'une place de cinéma (environ 9 euros dans les grandes salles, 5,95 euros en moyenne sur toute la France en 2007). Rien n'indique si l'offre concernerait un seul film ou plusieurs sorties de la semaine.
Pour Luc Besson, cette offre serait également dégressive. Aux alentours de 22 euros quinze jours plus tard et ainsi de suite. «Au bout d'un certain temps, le film ne serait plus disponible sur Internet. Mais il rejoindrait ultérieurement un catalogue de 500 à 1 000 longs métrages accessibles via un abonnement.» Le réalisateur-producteur dit avoir proposé aux exploitants de cinéma de tester ce type d'offre avec un des films qu'il a produits. Ceux-ci ont refusé. «En revanche, certains producteurs français - les plus jeunes - sont très ouverts à mon idée», souligne-t-il.
Luc Besson plaide pour un éclatement complet de la chronologie des médias, aussi bien pour la sortie en DVD (actuellement six mois en France après la sortie d'un film) que pour la diffusion en VOD (sept mois et demi) et sur les chaînes de télévision gratuites ou payantes. En rappelant ce principe de bon sens un peu trop oublié par les ayants droit : «A partir du moment où il y a une loi stricte - la loi Création et Internet - qui condamne et punit les auteurs de délits, il est normal que le cinéma propose au public une offre légale.»(source : 01.net)
Le débat a le mérite d'être lancé. Mais connaissant la frilosité des gens du cinéma, ce n'est pas encore pour demain que la proposition de Luc Besson sera appliquée. Mais la situation n'est plus tenable pour les gens qui n'ont pas une carte de cinéma illimitée. Une place revient à près de 10 euros (sauf 5 ou 6 en matinée). Le 7ème art est devenu un luxe pour une famille qui a deux ou trois enfants et qui se rend dans une salle obscure de temps en temps.
Luc Besson a une personnalité qui dérange. Il apparaît parfois antipathique sur les plateaux de télévision, mais force est de reconnaître que le personnage a plus fait avancer le cinéma français que certaines vieilles badernes qui sont censées le diriger.