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Par Samom
Avec Antoine de Maximy nous découvrons l'envers du décor, la face cachée du pays visité. Son voyage épique à travers les Etats-Unis n'échappe pas à cette sacro-sainte règle. L'aventurier nous dévoile l'autre Amérique, son côté obscur, sa face cachée, celle qui est à des années lumière du pays idyllique de carte postale, à cent mille lieues du rêve américain.
Nous croisons sur notre sillage des gens blessés par des accidents de la vie, des personnes dont la principale tâche au quotidien est de subvenir dans un pays qui broie les plus faibles avec application jour après jour.
Cette autre Amérique, Antoine de Maximy nous la propose sans fard dans un road-moavie passionnant mais qui finit par nous laisser l'impression que le documentaire aurait pu aussi se nommer : "Chronique d'une misère ordinaire". L'arrière goût au fond de la bouche est amer. L'envers du décor n'est pas franchement beau à voir.
C'est peut-être là où le bas blesse et j'imagine qu'un tel film ait pu désarçonner les personnes hermétiques à ce genre de documentaire. Car Antoine de Maximy filme vrai et parle vrai dans un franglais approximatif et improbable.
Son documentaire pointe du doigt sans accuser (à nous d'en tirer une ou plusieurs leçons). Les gens qui pensaient voir un film avec tout un tas d'américains typiques le sourire aux lèvres en permanence vantant les vertus d'un pays conquérant ont du en être pour leurs frais. Ce pays n'est pas pour eux.
Mais détrompez vous Mesdames et Messieurs, "J'irai dormir à Hollywood" n'est pas un long métrage pessimiste. Antoine de Maximy est implacable grâce à son dispositif technique particulier mais le film recèle de nombreux moments réjouissants. Des instants drôles, émouvants, tendus.
Antoine de Maximy traverse de somptueux paysages d'est en ouest mais ces cadres prestigieux ne sont que des toiles de fonds, l'essentiel de l'oeuvre réside dans les rencontres successives qu'effectue nôtre frenchie. Antoine de Maximy croise une incroyable galerie de personnages que le cinéma de fiction aurait du mal à inventer. Des hommes et des femmes de culture, de religions, de rang social différent qui nous font sourire, qui nous touchent par leur détresse, leurs rêves, leur regard lucide sur la vie.
Le seul (infime) reproche que je puisse adresser au film est le fait qu'il soit justement un long métrage. Le format court du documentaire télévisuel convenait parfaitement au propos d'Antoine de Maximy. La transposition sur le grand écran laisse quand même quelques traces à mon humble avis.
A un moment je me suis demandé si vers la fin du film, Antoine de Maximy ne tournait pas un peu en rond et s'il n'était pas arrivé au bout de son "système". L'accumulation de rencontres ne finit-elle pas par lasser le spectateur ?
Cela étant dit, cette unique réserve ne doit pas ternir mon sentiment premier. "J'irai dormir à Hollywood" est un documentaire réussi, émouvant et réjouissant, qui pose les bases d'un regard neuf sur l'Amérique du 21ème siècle.
Un film, doté d'une très bonne bande son, qui pointe du doigt un pays qui existe, qui vit, mais un monde qui n'intéresse absolument pas le cinéma hollywoodien.
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