Aujourd'hui j'ai navigué dans un monde cinématographique assez étrange. "Jar City" de Baltasar Kormakur est une très bonne surprise pour ce mois de septembre. Un long métrage hors du commun et qui nous emmène loin des schémas conventionnels.
Tiré du roman "La cité des jarres" écrit par Armaldur Indriöason, le film nous plonge au coeur d'un thriller passionnant. L'inspecteur Erlendur (Ingvar Eggert Sigurðsson) enquête sur la mort d'un vieillard sans histoire. Il retrouve chez le défunt la photo d'une tombe d'une fillette morte quarante ans auparavant. Les investigations du policier vont l'entraîner bien plus loin qu'il ne l'espérait. L'hérédité et une grave dégénérescence du cerveau ont l'air d'être au centre de l'intrigue. L'homme apprend aussi à se connaître lui-même au travers de sa minutieuse enquête.
Le scénario est d'une précision chirurgicale et l'histoire est passionnante. Nous baignons dans dans un climat de mort et de drame dés les premières secondes. L'entame du long métrage est particulièrement prenante.
L'intérêt du film n'est pas de nous créer un suspense artificiel. L'identité du tueur se devine très facilement et très rapidement. Dans "Jar City" la quête de la vérité prend la forme d'une recherche dans le passé. Un événement tragique s'est produit il y a bien longtemps mais continue à marquer les principaux protagonistes.
L'atout majeur est son ambiance. Nos héros évoluent dans une Islande qui est à mille lieux d'un univers paradisiaque. L'atmosphère est pesante, morose. Les villes du bord de mer sont vides de population. Les conditions météorologiques sont exécrables. Ce cadre semble austère à plus d'un titre mais étrangement le charme de l'endroit opère indéniablement. Il y a comme une sorte de séduction qui se dégage. On est subjugué par cette nature rebelle. Le réalisateur opère un véritable tour de force : on aime l'Islande malgré tout.
Le film est grave par moments, léger à d'autres. Nous assistons, le sourire aux lèvres, à l'une des plus courtes poursuites de l'histoire du cinéma.
Sur le fond l'oeuvre nous propose une réflexion sur le thème de l'hérédité. Avec habileté le metteur en scène met en rapport deux époques et nous questionne sur le poids d'une faute passée et la sanction (juste ?) qui en découle.
Le long métrage doit aussi sa réussite à son casting de personnages hauts en couleurs. D'eux émerge la figure du flic taciturne (Ingvar Eggert Sigurðsson) en proie à des difficultés domestiques. Un homme taciturne mais déterminé à mener ses investigations jusqu'au bout.
La thématique de "Jar Ciy" est originale. La mise en scène est astucieuse et tire la quintessence d'une nature islandaise hostile. Le long métrage ravira celles et ceux qui cherchent un peu d'innovation dans un panorama cinématographique bien souvent terne ces dernières années.