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total ciné : un espace de liberté pour les fans de cinéma et les autres. Venez nombreux pour partager ma passion.

"Midnight Express"



William "Billy" Hayes est un touriste américain qui passe ses vacances en Turquie. Il est arrêté à l'aéroport avec de la drogue sur lui. Dans un premier temps il est condamné à une peine "légère" de prison puis le premier verdict est alourdi à 30 ans de détention. La Justice désirant visiblement faire un exemple avec un occidental.


Pendant plusieurs années le jeune homme vit un véritable enfer...


"Midnight Express" fait partie des longs métrages qu'on a du mal à oublier. Le film est construit sur un principe de réalisme absolu. Alan Parker montre tout, il n'élude aucun sujet (toxicomanie, homosexualité, corruption, torture). La prison turque est un univers abominable, étouffant, avilissant. Comme une machine elle broie des hommes. Les prisonniers sont les jouets entre les mains de gardiens inhumains.


On peut toujours se dire que le réalisateur, et avant lui l'acteur/le rapporteur des faits, exagèrent mais je ne suis pas loin de penser que nous sommes proches de la réalité du monde carcéral turc des années 70 (cela n'engage que moi). Le cinéma amplifie des situations et force certains traits mais dans "Midnight Express" nous touchons du doigt un monde qui n'a rien d'artificiel.


Il y a eu une énorme polémique à la sortie du film, interdit en Turquie jusqu'au milieu des années 90, accusant entre autres Alan Parker d'avoir mis en scène un long métrage anti-turc aux relents racistes primaires. Je ne vais pas rentrer dans ce débat et vous dire si le monde oriental dépeint est caricatural ou pas. Mais je me dois de vous rappeler que nous sommes au cinéma. 


Ma vision est celle du cinéphile. Je ne vais pas m'escrimer à dire qui a tort ou qui a raison. Il est évident que le cinéaste a employé de bonnes vieilles recettes pour sur-dramatiser le climat mais je pense qu'il n'y avait aucune volonté de blesser les turcs.

A l'inverse il est clair que certains dialogues, d'une violence incroyable, aient pu choquer le peuple turc ("Pour une nation de porcs, c'est drôle que personne n'en mange.", dixit Billy Hayes s'adressant à ses juges) .


Le scénario signé Oliver Stone est une mécanique implacable. Mais on lui vertement reproché d'avoir pris des libertés avec le livre de Billy Hayes. Il existe des différences notables c'est un fait mais je le répète : au moment où le récit autobiographique devenait un long métrage, il y avait des choix à faire. C'est l'éternel problème  quand une oeuvre romanesque ou journalistique devient "réalité".


La fin du long métrage sonne comme une délivrance pour Billy Hayes mais Oliver Stone l'a inventé de toute pièce. La conclusion factice répond à un unique objectif : donner le grand frisson aux spectateurs avec une touche de spectaculaire. Ni plus, ni moins.


L'histoire nous prend dès les premières secondes. Nous sombrons en compagnie du héros dans un abîme d'incompréhension (il ne parle pas la langue turque), de vexations et de brimades. Nous assistons incrédules à un simulacre de procès. Billy Hayes est défendu par un avocat inefficace et véreux. L'attaque est sévère contre le système judiciaire turc mais a valeur d'exemple pour bon nombre de pays ici ou là.


En prison c'est la loi du plus fort qui prime. Les parcelles d'humanité sont arrachées comme des ongles aux doigts d'une main. La descente aux enfers est subtilement filmée par Alan Parker. A chaque étape Billy Hayes s'enfonce un peu plus profondément et finit par naviguer aux portes de la folie.


Mais le réalisateur nous montre aussi que dans les pires situations rencontrées, peut subsister une étincelle de vie quelque part. L'Homme a parfois les capacités psychologiques pour se surpasser. L'être dépeint dans le long métrage est un homme brisé, anéanti, torturé mais qui conserve un unique espoir : prendre le train de minuit (s'évader).


Le rythme du film est haletant. La tension est palpable à chaque seconde. La musique de Giorgio Moroder nous prend aux tripes.


Le film repose sur l'inoubliable interprétation du regretté Brad Davis. Une composition riche, nuancée, pleine d'énergie. En toute sincérité je pense que la prestation de l'acteur américain est l'une des plus réussies de l'Histoire du cinéma. A croire que pendant deux heures le comédien est touché par la grâce. La suite fut malheureusement plus triste.


A ses côtes on peut remarquer la présence du génial John Hurt et de la figure du doux dingue Randy Quaid. Face à ses prisonniers démunis, déshumanisés, trône un monstre de froideur en la personne du gardien-chef Hamidou, joué avec un très grand talent par Paul Smith.


Alan Parker a aussi fait un choix osé mais qui s'est avéré payant. Le réalisateur a refusé que les dialogues turcs soient sous-titrés en anglais. La volonté était de laisser le spectateur dans le même état d'esprit que le héros. Comme lui nous nous fracassons sur la barrière de la langue. Une trouvaille originale et diablement payante.


Alan Parker, faiseur de chefs d'oeuvre, a marqué et continue à marquer les esprits avec ce long métrage 30 ans après. La thématique est universelle. Des Billy Hayes existent à la pelle dans notre monde "moderne".


Loin de moi l'idée de nier les fautes commises des hommes et des femmes de part le monde (et Bily Hayes ne fut pas un saint) mais il existe encore aujourd'hui, à la minute où j'écris ces lignes, des systèmes judiciaires et pénitentiaires où les valeurs telles que "la dignité", "l'humanité" ou "le respect" sont loin d'être partagées par les dirigeants (et encore je suis modéré dans mes propos).


"Midnight Express" est un film coup de poing qui change notre vision du monde. Une oeuvre qui nous ouvre à d'autres perspectives.


"Midnight Express" est à voir absolument. Une création artistique en guise de leçon d'existence et de vie. Une oeuvre qui transcende le 7ème art et qui s'inscrit dans notre patrimoine à toutes et à tous.


Un vrai film culte, indémodable, puissant, émouvant.

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G
QUAND JE SUIS ALLE EN TURQUIE JAI PENSAIT DE SUITE A CE FILM
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S
<br /> je crois que c'est l'impression des touristes en général<br /> un film qui a marqué des générations de cinéphiles<br /> <br /> <br />
S
mercips : pour la petite histoire, parfois je rame pour écrire un article mais là à 90% ce tu lis est d'un premier jet sous le coup de l'inspiration, comme un feu sacré. Le reste n'est histoire de petites corrections (orthographe, aménagement des paragraphes, etc...)j'aimerais que cela soit tout le temps comme ça....Plus
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G
Que rajouter ? Un très grand classique, entré dans l'histoire, et mené de main de maître par un des réalisateurs les plus doués de sa génération (il suffit de jeter un coup d'œil à la filmograpie d'Alan Parker pour s'en rendre compte).
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