"Chrysalis"

Aujourd’hui j’ai vu dans un premier temps « Chrysalis » et j’ai pris un pied énorme.

A la base il y a un récit très séduisant. Une intrigue qui mélange en fait deux histoires : un flic de la police européenne perd sa femme (également policier) dans des circonstances tragiques. Après quelques semaines de mal-être, il doit à nouveau reprendre du service pour pourchasser le meurtrier de son épouse, un redoutable tueur en série.

En parallèle on assiste au retour progressif à la vie d’une jeune femme gravement accidentée de la route. Elle a perdu tous ses souvenirs dans une effroyable collision automobile. Très vite nous pouvons nous rendre compte que sa mémoire est un enjeu de grande valeur, pas seulement pour son entourage proche (sa mère qui veille jalousement sur elle) mais aussi pour de sombres personnages qui rodent autour.

Un long métrage qui mélange donc plusieurs genres : film policier, film d’action et film de science–fiction. Le réalisateur Julien Leclercq a su assembler de manière efficace ces univers. Son traitement du thème de l’anticipation relève du prodige. Le futur n’est pas caricatural, il est convainquant. Les éléments sont distillés de manière savante tout au long du film. : Plans truqués de Paris où sont rajoutés des bâtiments « futuristes », véhicules automobiles d’avant-garde et utilisation de la domotique.

Sans trop en dévoiler, je peux juste vous dire qu’il y a une séquence extraordinaire qui se déroule dans LE lieu clé du film : la clinique où est soignée la jeune accidentée. Un endroit à la pointe de la technologie où nous assistons pantois à une opération d’un genre assez particulier. L’un des moments forts du film.

Au centre du film se trouve la manipulation mentale née de l’innovation technologique (allez voir le film pour savoir de quoi il s’agit). Des hommes ou des états sont-ils prêts à tout pour s’assurer de leur emprise sur un procédé révolutionnaire : assurément OUI.

La mise en scène est nerveuse, inventive. Les scènes d’action sont hallucinantes. Les combats en espaces clos sont réglés avec une indéniable maestria. Un film rythmé qui a de la forme et du fond. Les longs métrages avec une âme sont rares.

Le réalisateur a su aussi créer une ambiance visuelle contrastée. L’obscurité de certains lieux (cellules, égouts) est contrebalancée par l’excès de luminosité d’autres endroits. Des couleurs qui traduisent des émotions ou des sentiments. Enfin la musique, œuvre du groupe « 30 Seconds To Mars » mené par l’acteur Jared Leto, crée une atmosphère pesante.

Mais les créatures de papier ou de pellicule ne seraient rien sans les êtres de chair qui les incarnent. Le film est porté par un casting de choix : Albert Dupontel est, comme d’habitude, brillant. Sa composition de flic taciturne, distant mais blessé au fond de son être fait mouche ; Marthe Keller est sublime et parfaite en mère de famille/médecin un peu trop prévenante. Marie Guillard apporte de la vie au personnage d’Albert Dupontel. Mélanie Thierry est touchante dans son rôle d’amnésique.

Je dois faire une mention particulière à Alain Figlarz : il interprète le redoutable criminel traqué par toutes les polices, il est avant tout un cascadeur unanimement reconnu par la profession. Son plus grand mérite est d’être le grand ordonnateur des combats, d’une violence inouïe, de « Chrysalis ». Des luttes à la vie à la mort qui impressionnent par leur justesse et leur réalisme.

Vous aurez donc compris que je vous conseille de voir ce film. Je trouve seulement dommage que ce film soit sorti dans une indifférence quasi-générale. Une oeuvre  vraiment de qualité traitée avec condescendance par certains médias.

La mémoire est au cœur de « Chrysalis ». N’oubliez pas d’aller le voir.